Bartholomew Crane est un jeune avocat. Compétent et sans scrupule, son cabinet va lui confier un dossier délicat : un meurtre. Les choses vont se corser puisque notre avocat n'a encore jamais eu de présumé meurtrier à défendre. Autant dire qu'il ne doit absolument pas se tromper !
Très vite, il se rend dans une bourgade de L'Ontario afin de s'y poser et de rencontrer son client, Thomas Tripp, un professeur accusé d'avoir assassiné deux de ses élèves dont les corps n'ont pas encore été retrouvés. Tout porte à croire que Thomas a noyé les deux jeunes filles dans le lac de la bourgade, lac réputé pour avoir vécu un drame sordide des années plus tôt et toujours hanté par la fameuse dame du lac.
Bartholomew va très vite devoir comprendre ce qu'il s'est passé afin de défendre son client et lui rendre sa liberté. Mais comment va-t-il y parvenir, lui qui se drogue et s'enferme dans un délire paranoïaque ?
Andrew Pyper est un auteur que je ne connaissais pas. Son roman Lost Girls m'a laissée perplexe. Dès le début, on se retrouve dans la peau de Bartholomew Crane un avocat sans scrupule et surtout sans attache. Un peu trop sur de lui, il se sent supérieur aux autres et lorsqu'on lui propose pour la première fois de prendre la défense d'un homme accusé de meurtre, on sent bien à quel point il est satisfait d'avoir un dossier aussi important à traiter. J'ai trouvé que ce n'était pas forcément judicieux d'utiliser un narrateur interne, surtout vis-à-vis du caractère antipathique de Barth. Je l'ai trouvé lourd et complexe, ni bon ni mauvais, mais avec cette faculté à s'adapter à toutes les situations pour les tourner à son avantage. Découvrir aussi un avocat qui ne peut se passer de sa drogue et qui n'a aucune valeur morale m'a un peu dérangée puisque cela a alourdi ma lecture.
L'intrigue en elle-même m'a plu parce qu'elle surfe légèrement sur le domaine du fantastique avec des esprits, mais en même temps il y a de nombreux passages longs et qui n'apportent pas grand-chose à l'histoire si ce n'est approfondir le caractère du héros. Surtout les passages qui se déroulent la nuit et où Barth ne cesse de faire des cauchemars qui à la longue agacent plus qu'ils n'intriguent.
Je dois bien avouer qu'il est rare que je lise des thrillers judiciaires, et Lost Girls souffre d'une certaine lenteur dans son dénouement au final sans aucune surprise, car tout est dit dès le début. Même notre héros ne cache pas suffisamment bien son jeu. Et le rapport entre le prologue et la fin se confirme, même si on s'en doutait. Je ne pense pas que l'auteur ait voulu jouer sur le côté rebondissement à foison de ce roman, mais plus sur la psychologie de ces deux personnages qui vont devoir s'allier, alors qu'ils ont chacun leur propre démon à exorciser. J'ai plutôt apprécié ma lecture, mais par moment, je m'ennuyais et de voir l'auteur tourner autour du pot est énervant. Il n'y a dans ce roman aucune réelle innovation et pas de suspense comme j'ai pu en trouver dans d'autres livres du même genre. C'est dommage parce que le potentiel de l'intrigue et des personnages aussi bien dépeints auraient pu nous offrir un moment de lecture angoissant et effrayant de réalisme.
En bref, Lost Girls ravira les amateurs de thriller judiciaire où on se retrouve dans la peau d'un avocat qui tente de disculper son client d'un crime qu'il n'a peut-être pas commis. Le fantastique y est légèrement présent, pas de quoi gêner et empêcher l'oeuvre de se vouloir réaliste. Sympa donc, mais trop de longueurs qui peuvent perdre les lecteurs en route.